mercredi 25 juin 2008

Les femmes ne s'aiment pas


Les femmes ne s’aiment pas

Parmi les causes qui font traîner le processus de l’émancipation de la femme dans notre pays, il faut citer le fait que cet idéal a pris une orientation trop extérieure et superficielle de la participation significative des dames dans les instances de direction. Il nous semble qu’un travail préalable de fond reste à entreprendre pour l’efficacité de la démarche. C’est celui que nous amorçons à travers la présente réflexion, en rappelant l’absence de solidarité entre les femmes que nous symbolisons en l’énoncé qui fait office de titre « les femmes ne s’aiment pas ». Comment le constatons-nous ?

Les femmes s’évitent

Notre thèse est la conclusion d’une observation de plusieurs faits que nous synthétisons en sept constantes.

1°. En famille, il y a de conflits entre les filles et leurs mères que entre les garçons et leur papa. On sait que depuis l’adolescence, le climat entre les jeunes et leurs parents ne ressemble plus du tout à l’accalmie de l’enfance. Il y a problème de part et d’autre. Mais c’est comme si du côté des femmes il y a beaucoup plus de difficultés. En tout cas, le conflit des générations est plus intense dans le monde féminin que dans le monde masculin.

2°. Quand elles grandissent, les filles préfèrent avoir des amis garçons plutôt que des filles. Car, déclarent-elles les garçons sont plus discrets et problématiques que les filles.

3°. Dans le même sens, les femmes préfèrent se faire conseiller par les hommes plutôt que les femmes. Pour preuve, dans la pastorale, par exemple, les femmes viennent nombreuse se confier aux prêtres et évitent les sœurs religieuses. Même sur des dossiers où ces dernières les aideraient mieux parce que femmes, elles en parlent volontiers aux prêtres. Et quand on les oriente vers les sœurs, elles refusent ou fuient carrément cette activité pourtant importante pour leur croissance et maturation.

4°. Quand une fille accuse son beau-frère ou son père de harcèlement, sa grande sœur sa mère ne la croient pas. Elles condamnent la pauvre et innocente victime pour donner raison à leur bourreau de mari incontinent.

. Dans les mariages, la mère du mari est souvent en conflit avec sa belle-fille tout comme les sœurs de l’époux rivalisent avec leur belle-sœur.

6°. Dans le secteur de la santé, les gynécologues femmes sont les moins consultées. Beaucoup de dames préfèrent se faire consulter par les hommes. La même méfiance est affichée à l’endroit des sages femmes que les dames qui accouchent accusent d’être moins attentives face à leurs plaintes à cause des douleurs d’enfantement, alors que ces accoucheuses estiment que les dames exagèrent toujours.

7. °Les femmes supportent plus facilement d’être dirigées par un responsable homme plutôt que par une cheftaine. Quand on leur demande les raisons de ce choix, elles répondent : « une femme comme leader devient orgueilleuse et hautaine » ; vices que le chef masculin ne manque pas d’incarner aussi. Mais les femmes subalternes, c’est encore supportable de les voir incarnés par un homme plutôt que par une femme. N’est-ce pas pour cela que lors des élections présidentielles et législatives passées (2006) les femmes congolaises (pour qui on a voté la loi de la parité dans la constitution de la troisième république) ont tout simplement refusé de faire confiance de leurs sœurs candidates à ces postes de direction ? Sans doute, les femmes s’évitent et préfèrent les hommes. Tirant leçon de ces faits, notre sagesse africaine conclut : « Basi batongaka mboka te » (entendez : les femmes seules ne peuvent pas constituer une société stable). En blaguant, les commentateurs traducteurs en lingala des films anglophones nigérians ajoutent : c’est pourquoi il n’existe pas des femmes maçon. Mais pourquoi les femmes se détestent-elles jusqu’à ce point.

Essai de compréhension

Pour expliquer cette tendance féminine, on est tenté d’évoquer la loi naturelle très connue : les forces de même charges opposées s’attirent. C’est-à-dire qu’on croit que les femmes s’évitent à cause de l’attrait que les pulsions effectives exercent sur elles les attachant aux hommes, attrait qui fait défaut entre personne de même sexe. Il y a un peu de cela. Mais en comparant ce qui se fait chez les hommes qui, tout en étant aussi soumis à la même loi, se comprennent et s’acceptent plus facilement, il faut dire qu’il y a chez les femmes plus que les effets de cette loi. Car la même loi n’amène pas les hommes à se repousser de la même manière. Il y a donc comme une pathologie comportementale que nous traduisons par la formule : « les femmes ne s’aiment pas ».
En effet, il faut remarquer une réelle volonté de s’éviter mutuellement d’une crise de confiance entre les femmes. Le fond de tout cela est jalousie, on sait que la femme comme un être de sentiment plus que des raisons subit l’effet de la jalousie plus que l’homme. Elle n’aime pas voir l’autre complimentée plus qu’elle m’aime. Elle veut être exaltée. C’est ce qui justifie sa grande tendance à soigner exagérément son apparat extérieur. On voudrait pour preuve le réflexe de maquillage ou de saupoudrage que l’on observe partout et qui dépasse les limites de l’âge, la démarche extravagante et dandinante devant un groupe d’homme en face d’une rivale, pourquoi l’accoutrement quasi dénudé des filles de nos jours.
Par conséquent, il y a manque de solidarité entre femmes dans les domaines essentiels, lesquelles ont du mal à lutter ensemble sans que les hommes viennent les épauler. Et pourtant dans le contexte de la recherche des voies et moyen pour l’émancipation, il faut un travail d’ensemble qui libère la femme de l’emprise de l’homme. Si cette tendance continue, on ne peut pas réussir cette libération. Il faut donc changer. Pour aider les femmes à y remédier, voici quelques pistes de solution.

Piste de solution

Globalement, la solution à ce problème de la méfiance entre femmes est la promotion de la solidarité féminine qui fait défaut. Celle-ci suppose un effort d’aimer les femmes plus que les hommes. Car, de même que nous ne pouvons pas prétendre aimer Dieu que nous ne voyons (1jn 4,20), de la même manière aussi une femme ne devrait pas prétendre aimer l’homme masculin qui lui est différent quand elle ne sait pas aimer comme il se doit la femme qui lui est semblable. Son premier prochain c’est l’autre femme qui lui ressemble. Plus concrètement, il s’agit d’abord de témoigner à leurs semblable féminins la même douceur, la même tendresse et le même sens de compréhension affichés jusque là envers les hommes.

Il faut même plus. Les femmes doivent aimer prioritairement les femmes et renvoyer leur amour des hommes au second lieu. Il faudra, ensuite, travailler à relativiser la culture de l’extérieur qui fait soigner l’apparat quand parfois l’intérieur est vide ou sale. En lieu et place il faut développer l’intériorité. Il s’agit d’une intériorité pas pour rêver ou construire des châteaux en Espagne (la femme est prédisposée à cela). Il faut procéder comme la vierge Marie, la Mère de Jésus qui « gardait et méditait dans son cœur tout ce qu’elle voyait et vivait » (Luc 2,19.51).

Méditer c’est comprendre davantage, voir plus clair et réfléchir, avant de contempler et aimer comme il se doit, par la suite. Cela suppose aussi et enfin une culture de rationalité pour atténuer le poids des sentiments. Les femmes doivent d’avantage exploiter l’intelligence. Dans ce sens il faut soutenir la tendance actuelle des filles pour les études universitaires, espérant qu’elles produisent des femmes rationnelles que sentimentales. Pour soutenir leurs efforts, c’est ne pas inutile de rappeler qu’une certaine solidarité existe déjà avant la protection de nudité féminine et mérite d’être étendue. En effet toute femme est gênée de voir une autre dénudée. Elle court lui jeter un habit au corps pour la couvrir.
C’est une telle solidarité qu’il faut, plus forte que celle entre les fumeurs. Mais est-elle encore vraiment efficace quand on observe, d’une part, l’accoutrement de nos petites sœurs de certaines de nos mères aujourd’hui et surtout, d’autre part, l’indifférence des autres femmes.

Conseil

Chères sœurs, mères et grand-mère, il faut une très grande solidarité entre vous pour mener le combat de l’émancipation. C’est un vrai combat qu’aucune femme ne peut réussir toute seule ou que l’ensemble de femmes ne peut mener en ordre dispersé. Pour y parvenir aimer d’abord les femmes avant de nous aimer, nous les hommes. Vous serez plus équilibrées et plus indépendantes de nous. Et vous aurez la chance de vous émanciper plus facilement.
Mais si vous continuez à vous entretuer comme d’habitude, oubliez l’émancipation. Ce serait un idéal creux et trop illusoire. Car les moyens que vous utilisez pour y arriver sont inefficaces, contradictoires et autodestructeurs.


Hervé BAMPAKA

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